L’Expert au Comité des droits des personnes handicapées de l’Organisation des nations unies (ONU), l’ivoirien Alfred Kouassi, a exhorté, samedi, les médias de Côte d’Ivoire, à privilégier la production de contenus accessibles aux personnes handicapées.
Il s’exprimait à l’occasion du séminaire de formation, intitulé : « projet de renforcement de la participation politique et citoyenne des personnes handicapées dans les processus électoraux en Côte d’Ivoire » qui a regroupé du 19 au 20 mai une vingtaine de représentant des médias ivoiriens, à Bouaké. Ce projet a été co-financé par l’Union européenne (UE) et l’ONG chrétienne internationale de développement (CBM, sigle en anglais pour Christian Blind Misssion) et mis en œuvre par la COPH-CI.
« L’article 21 (de la Convention relative aux droits des personnes handicapées) demande à la presse d’accompagner la promotion des personnes handicapées sans que ces personnes n’aient à dépenser plus que les autres pour avoir accès à l’information, donc il faut rendre l’information accessible à tous les niveaux pour que les personnes handicapées aient l’information au même titre que les autres », a fait savoir Alfred Kouassi.
Ce qui implique, selon lui, l’intégration et l’implémentation de nouveaux outils sur les différents supports des médias tant traditionnels (presse papier, radio et télévision hertzienne) que modernes (presse en ligne, médias sociaux).
De manière pratique, les médias audiovisuels (télévision traditionnelle et en ligne) sont donc invités à sous-titrer et à intégrer des interprètes en langage des signes dans leurs productions respectives (au profit des personnes vivant avec handicap auditif). Quant à la presse écrite en ligne, elle devra implémenter sur ses sites internet les technologies d’audio-description (une technologie qui permet aux personnes vivant avec handicap visuel d’écouter ce qui est écrit). La presse écrite sur support papier devra pour sa part se réadapter en fournissant des pages en écriture braille (handicap visuel).
Selon le dernier rapport de l’Institut national de la statistique (INS), datant d’avant le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2021 et repris par la COPH-CI, il existe en Côte d’Ivoire 620 639 personnes handicapées. Mais la COPH-CI, estime à environ 4 millions (15% de la population globale) le nombre de personnes vivant avec handicap en Côte d’Ivoire en se basant sur les normes établies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
La Confédération des Organisations des personnes handicapées de Côte d’Ivoire (COPH-CI) a plaidé samedi à Bouaké, dans le centre ivoirien, pour l’adoption d’une nouvelle loi électorale plus inclusive.
Plaidoyer de la COPH-CI vendredi 19 et samedi 20 mai 2023 à Bouaké pour l’adoption d’une nouvelle loi électorale plus inclusive
Selon cette confédération, la nouvelle loi électorale qu’elle promeut, permettra une meilleur représentativité des personnes vivant avec handicap dans les processus électoraux, aussi bien en tant qu’électeurs, candidats et acteurs au sein des partis politiques et de la commission centrale de la Commission électorale indépendante (CEI, organe en charge des élections).
L’annonce a été faite dans un réceptif hôtelier de la deuxième grande ville ivoirienne lors d’un séminaire de formation, qui a regroupé du 19 au 20 mai une vingtaine de représentant des médias ivoiriens. Cet atelier s’est tenu dans le cadre du « projet de renforcement de la participation politique et citoyenne des personnes handicapées dans les processus électoraux en Côte d’Ivoire », cofinancé par l’Union européenne (UE) et l’ONG chrétienne internationale de développement (CBM, sigle en anglais pour Christian Blind Misssion) et mis en œuvre par la COPH-CI.
Ce nouveau code électoral que propose la faitière des organisations des personnes handicapées de Côte d’Ivoire permettra de lever diverses barrières empêchant la pleine participation des personnes vivant avec handicap dans les processus électoraux dans ce pays le plus développé d’Afrique de l’Ouest francophone.
Daouda Coulibaly, le président de la CAPH-VB
« Oui, bien sûr que j’ai déjà voté…mais dans des conditions difficiles », se souvient Daouda Coulibaly, personne non-voyante, président de la Coordination des Associations des personnes en situation de handicap de la Vallée du Bandama (CAPH-VB).
« Dans notre cas on est obligé de se faire assister pour aller voter. Je suis donc obligé de me faire accompagner dans le bureau de vote par un enfant, un ami ou ma femme. S’il n’y a personne de disponible alors je ne participe pas au vote parce qu’il n’y a aucune disposition pratique prévue par la CEI pour me permettre de voter de façon autonome », ajoute-t-il perplexe.
C’est pourquoi, poursuit M. Coulibaly, « on demande que le code électoral soit plus inclusive pour prendre en compte la question du handicap visuel pendant les élections en intégrant par exemple une tablette spécialisée avec laquelle on peut voter tout seul sans l’aide de quelqu’un », comme cela se fait d’ailleurs au Ghana, le pays voisin de la Côte d’Ivoire.
Alfred Kouassi, chef du projet
« Il existe encore des barrières de tout ordre à une bonne participation des personnes handicapées dans les processus électoraux en Cote d’Ivoire », dont plusieurs barrières physiques, a renchérit, le chef du projet, Alfred Kouassi. « Les escaliers dont on ne tient pas compte lorsqu’on affecte les personnes handicapées dans les bureaux de vote, quelqu’un qui est en fauteuil roulant qu’on met au premier étage. Comment cette personne peut-il voter ? », a-t-il interrogé avant de s’intéresser à la situation spécifique des personnes en situation de handicap visuel.
Comment doit-on interpréter, le cas d’une « personne qui doit voter et qui se fait accompagner par quelqu’un qui vient voter à sa place avec le risque de ne pas voter son candidat à lui mais plus grave encore la personne qui accompagne va savoir qui cette personne doit voter (pas de secret du vote donc).
Pour le conseiller au Conseil national des droits de l’homme (CNDH), il faut impérativement lever ces barrières en procédant à la mise en place d’un nouveau code électoral plus inclusif qui permettra à la CEI de prendre des mesures qui tiennent compte de la question du handicap et des personnes handicapées, favorisant ainsi leur participation « de façon pleine, entière et autonome en gardant le secret de leur vote ».
La convention relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée par l’Etat de Côte d’Ivoire, en son article 29, recommande aux Etats parties à faire en sorte que les personnes handicapées puissent effectivement et pleinement participer à la vie politique et à la vie publique sur la base de l’égalité avec les autres, que ce soit directement ou par l’intermédiaire de représentants librement choisis, et notamment qu’elles aient le droit et la possibilité de voter et d’être élues.
C’est d’ailleurs ce qui stimule la COPH-CI a encouragé les candidatures des personnes handicapées aux différentes élections locales à venir. Ce qui contribuera, selon M. Kouassi, à casser les tabous sur leur situation.
On n’a pas besoin d’être politicien de carrière pour gérer par exemple une ville où une région. Tout le monde doit participer, la seule problématique ce sont les barrières qui existent encore à ce sujet. « On veut être sur les listes et on est prêt », a rassuré l’Expert au Comité des droits des personnes handicapées de l’Organisation des nations unies (ONU).
A son tour de parole, le directeur des programmes de CBM Côte d’Ivoire, Marc Olivier Mara, a invité les parents des enfants en situation de handicap à la résilience.
« Si un enfant nait avec une déficience ce n’est pas la fin du monde. C’est un enfant comme tout autre il doit avoir accès à l’école et au travail (…) l’inclusion c’est un défi démocratique et de progrès social pour tous», a-t-il conclu.
Plusieurs thématiques ont meublé cette session co-animée par Alfred Kouassi, chef du projet, Dr Coulibaly Abdoudramane, médecin spécialiste en médecine physique et réadaptation ainsi que Adama Diabaté, membre de la COPH-CI et agent du trésor public.
Elections inclusives, CDPH et définition du handicap et la notion d’inclusion, CDPH et les notions d’égalité de non-discrimination et d’accessibilité, sont entre autres quelques sujets qui ont été traités par le trio de formateurs.
Un point d’honneur a été mis sur les articles 21 et 29 de la Convention relative aux droits des personnes handicapées (CDPH). L’article 21 de la CDPH s’intéresse particulièrement à la liberté d’expression et d’opinion et à l’accès à l’information des personnes handicapées.
Quant à l’article 29, il met un accent sur la participation des personnes handicapées à la vie politique et à la vie publique.
Le projet de renforcement de la participation politique et citoyenne des personnes handicapées dans les processus électoraux en Côte d’Ivoire, recommande entre autres la nomination de personnes handicapées dans des institutions de la République, tels que le Senat, le Conseil économique social environnemental et culturel ainsi qu’au sein du comité central de la CEI.
Selon le dernier rapport de l’Institut national de la statistique (INS), datant d’avant le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2021 et repris par Alfred Kouassi, il existe en Côte d’Ivoire 620 639 personnes handicapées. Mais la COPH-CI, estime à environ 4 millions (15% de la population globale) le nombre de personnes vivant avec handicap en Côte d’Ivoire en se basant sur les normes établies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
CÔTE D’IVOIRE: 40 JOURNALISTES ET ACTEURS DE LA SOCIÉTÉ CIVILE FORMÉS À ABIDJAN .
Abidjan, Côte d’Ivoire (Top News Africa) Un atelier de quarante acteurs de la presse en ligne et de la société civile de Côte d’Ivoire, s’est ouvert, ce mardi 11 avril 2023, dans un complexe hôtelier d’Abidjan, autour du thème « couverture éthique, responsable et équilibrée des conflits’’, dans le cadre du projet “Implication des Médias Numériques pour une Prévention Active des Conflits et des Tensions’’ (IMPACT), a constaté, sur place, un journaliste de l’agence de presse Top News Africa.
C’est la deuxième phase du projet qui vise à ‘’former les acteurs médiatiques qui couvrent les questions de conflits sur la couverture éthique, responsable et équilibrée des conflits, afin d’assurer une meilleure prévention des conflits et la cohésion sociale’’, a indiqué Lassina Sermé, président du Réseau des Professionnels de la Presse en Ligne de Côte d’Ivoire (REPPRELCI), partenaire au projet.
L’objectif de cette action est de ‘’renforcer nos compétences pour faire face à la multiplication des fake news et des messages haineux qui divisent la population et créent des tensions.
Cette pertinente thématique est d’actualité en ce sens que notre pays connaîtra cette année des élections locales (municipales et régionales) dans le dernier trimestre de l’année’’, a ajouté M. Sermé en présence du Directeur général du Programme national de cohésion sociale (PNCS), Dr Théodore Konimi.
Lassina Sermé, président du REPPRELCI
Ces élections locales, a souligné Lassina Sermé, qui constitueront un véritable test pour les différents partis politiques avant l’élection présentielle de 2025 ne manqueront certainement pas de déchaîner les passions teintées parfois de discours haineux et de fausses informations.
‘’C’est pourquoi, le projet IMPACT, veut nous donner les instruments et outils pour mieux aborder cette période électorale et apporter notre modeste contribution à la consolidation d’un climat de paix et de cohésion sociale’’, a soutenu le président du REPPRELCI.
Il a annoncé qu’après cette série de formation sur la couverture éthique, responsable et équilibrée des conflits, deux autres sessions de formation suivront dans les semaines à venir, portant sur les outils et mécanismes de vérification des fake news en direction de 74 bénéficiaires, soit 37 personnes par session.
M. Sermé a exhorté les participants à une assiduité accrue pour tirer profit de la formation qui leur sera dispensée par Mmes Stéphanie Lamy et Caroline Tétard, venues de la France pour partager avec eux leurs connaissances et savoir-faire.
Dr Théodore Konimi, directeur général du PNCS
Le directeur général du PNCS, Dr Théodore Konimi, s’est félicité de la tenue de cet atelier, dont la thématique rencontre l’adhésion du Programme qu’il dirige. ‘’Nous sommes en phase’’, a-t-il lancé à l’endroit des organisateurs, rappelant que ‘’dès la fin de la crise postélectorale 2010-2011, le président Alassane Ouattara a fait de la cohésion sociale un axe majeur de sa politique gouvernementale.
Une vue de la salle
Le projet IMPACT qui a une durée de 24 mois, est financé par la Délégation de l’Union Européenne à travers l’instrument contribuant à la stabilité et à la paix (IcSP) à hauteur de 700 millions FCFA.
Il est mis en œuvre en Guinée et en Côte d’Ivoire par cinq organisations composées de deux structures françaises, Avocats Sans Frontières France (ASF France) et Danaïdes, d’une plateforme panafricaine, AfricTivistes et deux associations nationales que sont l’Association des Blogueurs de Guinée (ABLOGUI) et le REPPRELCI.