Bouaké360-Bouaké (Côte d’Ivoire)
Plusieurs centaines d’élèves et étudiants ont manifesté, ce samedi 4 décembre 2021, à Bouaké pour rendre hommage et réclamer justice pour Kouakou Amoin Marie Josée Hermine, l’une des leurs, retrouvée morte il y a quelques jours, dans cette deuxième ville ivoirienne.

Ils étaient des milliers à prendre part à cette « marche blanche », en hommage à Hermine, l’étudiante en licence 2 communication à l’université Alassane Ouattara (UAO). Le jeudi 25 novembre dernier, le corps sans vie de la jeune fille de 19 ans a été retrouvé dans une maison inachevée au quartier Broukro, au sud-ouest de Bouaké. Elle avait été enterrée là, après avoir été enlevée, violée puis sauvagement assassinée par son ravisseur, un chauffeur de mototaxi.

Habillés de T-shirts blanc ou orange avec la photo de Hermine, les jeunes ont marché sur plusieurs kilomètres en partant du campus 1 de l’UAO, à l’extrême ouest de la ville. Des bandeaux oranges sur la tête ou les bras, ils brandissaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Hermine notre héroïne, merci, merci, merci. Vas en paix dans les bras de ton seigneur », « Le CEECI dit non aux violences basées sur le genre » ou « Justice, rien que la justice » ou encore « violences sexuelles, je ne suis pas d’accord, je dénonce ».

La procession a ensuite marquée un bref arrêt au feu de la Madone, à l’intersection des quartiers N’Gattakro et Broukro, là où la jeune fille a été aperçue vivante pour la dernière fois. C’est à cet endroit précis, qu’elle avait emprunté, le jeudi 18 novembre 2021, aux environs de 19 heures, le taxi-moto qui devait normalement la conduire à son domicile familial au quartier Broukro. Hélas, elle ne retrouvera plus jamais les siens.

Apres ce petit temps d’arrêt, la longue file de marcheurs s’est ensuite ébranlée vers la place du carnaval, où une motion a été adressée aux autorités de la ville, en présence des parents de la victime. Cette marche pour « dire non au viol à Bouaké » s’inscrivait dans le cadre des 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre en Côte d’Ivoire. Elle a été organisée par les directions régionales des ministères, de la femme, famille et de l’enfant, de la solidarité, de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté, le ministère de l’emploi et de la protection sociale, le conseil régional des droits de l’homme, le comité des élèves, et étudiants de côte d’ivoire (CEECI), et les Ong de lutte pour la défense des droits humains, avec l’appui technique et financier du fonds des nations unies pour la population (UNFPA).

Ce samedi matin, à Abidjan, dans la capitale économique ivoirienne, une grande marche baptisée « Offensive Orange » a été également organisée pour dénoncer les violences faites aux femmes en Côte d’Ivoire où plus de 800 viols ont été enregistrés en 2020.
A l’initiative de la ministre de la femme de la famille et de l’enfant, Nassebena Touré, la marche d’Abidjan a vu la participation de plusieurs centaines de femmes.
Selon des chiffres fournis par le système national de collecte de données des violences basées sur le genre, en 2020, en Côte d’Ivoire, ce sont 5 405 cas de violences qui ont été enregistrés dont 822 cas de viol. La majorité de ces agressions était faite sur des mineurs de moins de 18 ans, stipule entre autres ces données officielles.
Cheik Koné