Bouaké360-Béoumi (Côte d’Ivoire)
Yocolli Kouamé Stéphane alias « Alexis » est cultivateur dans son village natal à Ando Kékrenou, une sous-préfecture de Béoumi située à 85 km à l’ouest de Bouaké. Cet ivoirien de vingt-deux ans qui possède déjà un champ de 2 hectares et demie d’anacardiers et de cacaoyers ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il ambitionne désormais se reconvertir en acheteur de produits agricoles. Portrait
Alexis sait très bien la route longue et rude pour atteindre ce but qu’il s’est fixé. Mais le travail ardu et sans relâche il en connait toutes les ficelles. Lui, ce fils de paysan qui sait comment transformer une bande aride en terre fertile et nourricière avec quelques outils rudimentaires et la sueur de son front, ce n’est pas le métier d’acheteur de produits qui devrait l’effrayer. Pour lui, le seul frein à cette ambition personnelle ne peut être que d’ordre financier. C’est-à-dire le tout premier coup de pousse venant d’une structure spécialisée de financement exerçant dans le négoce de la noix de cajou.
« Je souhaite donc l’aide des structures spécialisées ou coopératives qui pourront me subventionner ou pourquoi pas ouvrir une délégation dans la zone où je pourrais être leur représentant. Aussi toutes personnes désireuses de m’aider sera la bienvenue » a-t-il réitéré à ce sujet.
« J’ai déjà une expérience dans l’achat et la revente de produits agricoles durables comme le maïs, l’anacarde, le piment, l’attiéké séché et le cacao » et de surcroit, affirme-t-il ensuite, « je maîtrise bien la zone à Béoumi et Ando-Kékrenou où je collabore déjà avec des acheteurs de la noix de cajou brute ».
Orphelin de père, Yocolli Kouamé Stéphane a arrêté l’école en classe de 6è pour « faute de moyens financiers ».
« J’ai fait un cycle primaire normal comme tout le monde à Kékrenou, mais pour moi c’était une école pas comme les autres. C’est-à-dire que c’était difficile parce que, issu d’une famille pauvre pour faute de moyens financiers, j’ai dû arrêter l’école en classe de 6ème au lycée moderne de Béoumi », se souvient-il avec un brin d’amertume dans la voix. Apres ce premier parcours inachevé dans le cheminement de son destin, Stephane n’est pas prêt pour autant à baisser les bras. Il va alors se lancer dans la vie active en tant que laveur de voiture dans le chef lieu de département à Béoumi.
Selon lui, « après l’échec à l’école je pratiquais de temps à autres quelques petits métiers pour avoir quelque chose à manger jusqu’à ce que je croise le propriétaire d’un lavage qui m’a recruté dans sa petite entreprise où je percevais 15000 Fcfa le mois. Ce qui m’a permis d’aider certains frères qui continuaient les cours au lycée de Béoumi et épargner un peu pour mes projets ».
Poursuivant, M. Yocoli Kouamé se rappelle avoir réussi à épargner une somme de 50000 Fcfa avec laquelle il a acheté les outils nécessaires et a foncé sans hésiter dans son village à Kekreou où l’attendait une parcelle à cultiver. Ce héritage familial qu’il récupère en 2014, il va le labourer pour y faire pousser des ignames sans oublier de semer entre les buttes des grains de cajou. Aujourd’hui, soit 7 ans après, c’est avec fierté qu’il affirme avoir transformé cette parcelle en 2 hectares d’anacarde et des pieds de cacaoyers qu’il a introduit en 2019.
Les premiers revenus de son champ d’anacarde estimés à 70000 Fcfa pour la petite campagne et 100.000 F pour la grande campagne pendant la récolte, il s’en souvient comme si c’était hier.
C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme qu’il conclut en adressant un message d’espoir à la jeunesse ivoirienne, principalement à celle de sa région natale à se donner au travail surtout de la terre parce la Côte d’Ivoire repose sur l’agriculture.
Eliezer Rodemi