Bouaké360-Bouaké (Côte d’Ivoire)
Aubin Venance Bahi est marié et père d’un enfant. Titulaire d’une maitrise en Allemand, il s’est d’abord essayé au métier d’enseignant en faisant de la vacation avant de se retrouver répétiteur puis interprète en Anglais. Reconverti par la suite commercial, il est aujourd’hui le chef d’agence à Bouaké d’une entreprise de production d’une boisson « thérapeutique » à base de produits naturels. Dans cette interview accordée à Bouaké360, l’ivoirien de quarante-un an revient sur le parcours de sa vie qu’il résume en une phrase : « le dur labeur est le chemin d’or que Dieu réserve à ceux qu’ils approuvent ». Pour lui, « nos jeunes souffrent parce qu’ils sont sans repère ni modèle à imiter ».
Propos recueillis par Eliezer Rodemi
Bouaké360 : Bonjour Mr, veuillez vous présenter.
Je suis Bahi Aubin Venance, actuellement chef d’agence Bouaké de l’entreprise Kligayo, productrice de la boisson Sentinelle. Je suis marié, père d’un enfant.
Bouaké360 : parler nous de votre parcours professionnel voire votre expérience ?
Il faut dire qu’après l’obtention de ma maîtrise en Allemand, j’ai donné des cours d’allemand juste 6 mois dans un collège à Williamsville (ndlr à Abidjan dans la capitale économique ivoirienne) alors que je résidais encore en cité universitaire aussi parallèlement je donnais des cours à domicile à une fillette en classe de Cp1. C’était la fille d’un libanais commerçant de textiles à Adjamé. Un jour un frère du campus qui travaillait également chez cette même personne m’a informé que ce dernier recherchait quelqu’un capable de parler et écrire l’Anglais pour assurer le poste de secrétaire et assistant dans son entreprise, c’est comme ça que le répétiteur que j’étais est devenu l’assistant du patron et son interprète en même temps.
Après 5 années au cours desquelles j’ai acquis certains réflexes professionnels, je me suis décidé par inspiration divine de me spécialiser en traduction. J’ai donc préparé un diplôme de traduction Anglais- Français- Allemand et Juste 6 mois après cette formation intensive, j’ai eu écho d’un recrutement à l’ONUCI (ndlr : Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire). J’ai alors postulé et j’ai été retenu en qualité d’assistant linguistique auprès des casques bleus, notamment le bataillon Nigérian et après un an j’ai été muté dans un bataillon Pakistanais, à Yamoussoukro puis finalement à Bouaké.
Après la fin de mon contrat avec l’ONUCI, il faut le dire ça été une période très difficile, mais étant chrétien, le Seigneur Jésus-Christ mon berger a toujours su me relever et me conduire. J’ai trimé pendant 2 ans presque à la recherche d’un emploi dans mon domaine de formation, mais sans succès. J’envisageai donc une reconversion en tant que commercial, et alors que je recherchais la clientèle pour ma propre structure « Fast Coursier », le directeur de Bouaké Optique, M.Yao Jean Baptiste me propose un poste de commercial dans son cabinet d’optique, j’acceptai et ce fut le début d’une nouvelle aventure professionnelle pour moi. De là je rencontre la boisson Sentinelle que je prends à bras le corps pour son implantation dans le Gbêkê et grâce à la confiance que me voue le DG Mr Kligayo Coulibaly, je suis à ce poste de représentant régional et chef d’agence.
(Ndlr : le mandat de l’ONUCI a officiellement pris fin en juin 2017. L’ONUCI avait succédé en 2004 à la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (MINUCI) pour faire respecter les accords de paix entre les rebelles du nord et les forces gouvernementales dans le pays. Prévu initialement pour un an, la mission s’est prolongée pendant 13 ans).
Bouaké360 : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confronté dans l’activité que vous menez actuellement ?
Sourire…
Les difficultés sont multiples et diverses. D’abord pour l’innovation que constitue notre produit Sentinelle, il faut régulièrement expliquer par téléphone ou via les médias aux prospects et clients les vertus thérapeutiques de cette boisson naturelle. Ensuite, la communication n’est pas toujours aisée entre les revendeurs, les clients et nous. La réticence de certains constitue un réel problème malgré la qualité du produit. Enfin, il faut reconnaître que l’agrandissement de la ville de Bouaké est un vrai défi que nous tentons de relever en mettant la boisson dans chaque lieu de vente de la ville et nous espérons y arriver d’ici peu.
Bouaké360 : Quels sont vos objectifs à atteindre à court et à long terme ?
A court terme, nous envisageons faire de la boisson Sentinelle la boisson naturelle la plus consommée en côte d’ivoire et à long terme nous projetons d’aider d’autres entreprises locales à émerger ou à se développer par notre expérience acquise pour redonner espoir à la population de Bouaké qui fuit cette ville par manque d’emploi viable.
Bouaké360 : Un message à l’endroit de la jeunesse ivoirienne qui s’adonne à la facilité.
Je voudrais dire à mes jeunes frères et sœurs que le dur labeur est le chemin d’or que Dieu réserve à ceux qu’ils approuvent. Nul ne devrait donc bouder cette voie ni l’éviter car c’est le moyen par lequel nous apprenons la vie. De plus la facilité est conséquence de l’impatience et de l’envie, deux péchés qui conduisent à la précocité sexuelle, professionnelle, matrimoniale au détriment des valeurs essentielles que sont la patience, le respect et l’amour.
Bouaké360 : Nous sommes à la fin de notre interview, quel est alors votre mot de fin.
Je vous remercie pour l’intérêt que vous avez manifesté à mon égard et sachez que je suis reconnaissant pour cette démarche. Je prie que le Seigneur Jésus-Christ vous bénisse.
Mon dernier mot est plutôt un cri de cœur.
Je voudrais lancer un appel à tous afin de corriger un déséquilibre notoire observé ces derniers temps. En effet, la réussite sociale voire l’obtention d’un emploi ou encore l’insertion professionnelle nous préoccupe plus que la moralisation de notre vie et c’est la véritable raison pour laquelle nos jeunes souffrent car ils sont sans repère ni modèle à imiter.
Vous verrez des personnes qui ont socialement réussi mais incapable de vivre en couple ou fonder un foyer, certains sont obnubilés par la richesse à tout prix sans discerner les bons moyens d’y parvenir. La vie aujourd’hui pour bon nombre de jeunes se limite à l’accumulation de biens et la consommation de stupéfiants, ainsi qu’à l’éloge de la beauté physique au grand dam de la beauté intérieure. Ce sont là des maux qui plongent notre jeunesse dans les tourments de la vie. Il nous faut parvenir à une nouvelle génération de modèle de réussite sociale qui combine valeurs morales et compétences professionnelles autrement dit le savoir-être et le savoir-faire doivent être indissociable d’une personne qui a vraiment émergé dans la société afin que nos jeunes frères et sœurs ne prennent pas pour modèles des personnes peu recommandables cela changera leur définition de la réussite.
Je vous remercie.