La merveilleuse histoire de Raffierkro, un village pour lépreux, fondé en 1963 par Gilbert Raffier

Bouaké360-Bouaké (Côte d’Ivoire)

Raffierkro (village de Raffier en langue Baoulé) est une localité du centre de la Côte d’Ivoire, située à 7 km au sud-est de Bouaké (chef-lieu de région).

Fondé en 1963 par un médecin français du nom de Capitaine Docteur Gilbert Raffier, ce tout premier village pour lépreux, entièrement construit avec la contribution effective de certains malades de la lèpre d’alors, comprend aujourd’hui un hôpital-léproserie, un village entier avec une centaine de maisons « en dur », deux écoles (maternelle et primaire) de 12 classes, un marché couvert, des installations sportives, une église œcuménique et une mosquée, … et beaucoup d’autres projets de développement. La merveilleuse histoire humaine de Raffierkro racontée par Bouake360.

Joseph Kpli Kouadio, photo datant de janvier 2016

 « J’ai été admis ici vers les années 1950, je n’étais alors qu’un adolescent à cette époque » avait témoigné dans une interview réalisée en janvier 2016, Joseph Kpli Kouadio, l’un des premiers pensionnaires de l’asile des lépreux de Manikro (1ère appellation).  

Selon le vieil homme de 83 ans à l’époque, « après des années de traitement, les patrons de l’asile nous ont dit qu’on était guéri et ils nous ont demandé de rentrer chez-nous, on a refusé de partir parce qu’à cette époque on était rejeté dans nos villages ». La lèpre était encore perçue à cette période comme une malédiction. Les lépreux vivaient donc reclus, bannis de la société.

« On en était là jusqu’à ce qu’en 1963, arrive ici un jeune médecin français qu’on appelait Dr Raffier » avait-t-il rappelé, soulignant que c’est à cette date que l’histoire de Raffierkro a commencé à s’écrire.

La fabuleuse histoire de RAFFIERKRO

La salle du conseil villageois, située dans la zone nord du village, à deux pas de l’église œcuménique, retrace à travers des photos, des croquis, des notes et des articles de presse, l’histoire de ce paisible village à l’architecture futuriste avec de grandes rues bien tracées et à l’hygiène irréprochable. Une note signée par le Docteur Gilbert Raffier rappelle aux visiteurs : « j’ai pu construire ce village grâce à l’attention très bienveillante des autorités, au courage de ses habitants, aux dynamiques fondations Raoul Follereau, à l’ELEP et à de très nombreux amis qui m’ont aidé dans cette passionnante réalisation ».

Des légendes sur les photos, reprennent les dates clés qui ont marqué la fondation du village des lépreux. En 1963, à la suite de son affectation en Côte d’Ivoire, le jeune médecin capitaine Raffier après 3 jours de recherche en brousse, découvre l’asile de lépreux abandonné de Manikro à 7 kilomètres de Bouaké, au centre de la Côte d’Ivoire.

Il décide alors de le transformer en léproserie-hôpital en rénovant des bâtiments. Il crée des locaux techniques pour les consultations, le laboratoire, les soins, le bloc opératoire ainsi que la salle d’hospitalisation postopératoire, et une allée d’accès à la route. Puis, il installe un groupe électrogène et une pompe hydraulique, plante des arbres, des pelouses et crée un bassin avec jet d’eau.

C’est finalement en 1964 qu’il engage véritablement les travaux de dégagement de l’emplacement du futur village dit « village postcure de la léproserie de Manikro » de l’autre côté de la piste, en face de l’hôpital.

Les premières maisons de ce nouveau village postcure voient le jour avec la participation active des futurs bénéficiaires, que sont des malades de la lèpre. Le 9 mai 1992, le village devient officiellement Raffierkro (le village de Raffier) sur décision du Conseil municipal de la commune de Bouaké appuyée par le Ministère de l’intérieur de Côte d’Ivoire.

Le Docteur Raffier à tracer la voie, « Il est temps pour nous les enfants de lépreux qui sommes nées ici de prendre notre part de responsabilité en participant à la vie de cette communauté »

A ce jour, la majorité des anciens lépreux qui vivent à Raffierkro sont en général des cultivateurs. Beaucoup parmi eux n’ont pas leurs membres au complet, certains n’ont pas eu d’enfants, selon des témoignages d’habitants. C’est pourquoi, expliquent ces derniers, « certains sont obligés de se rendre en ville à Bouaké pour mendier, car depuis la crise de 2002, ce village ne reçoit plus assez de dons comme par le passé ».

Le Docteur Raffier à tracer la voie, « Il est temps pour nous les enfants de lépreux qui sommes nées et qui avons grandi ici de prendre notre part de responsabilité en participant à la vie de cette communauté », fait remarquer pour sa part, un fils du village.

« Nous demandons donc aux enfants qui sont originaires de ce village de revenir apporter leur aide car les parents en ont besoin pour survivre », a-t-il conclu, en direction de ses nombreux frères et sœurs de Raffierkro qui vivent aujourd’hui partout à travers le monde.

Plus de 500 habitants issus de plusieurs ethnies de la Côte d’Ivoire et des communautés de la CEDEAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest) vivent en parfaite harmonie à Raffierkro depuis sa création en 1964.

Cheik Koné

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Election délégué CNJCI : Kifory Inza Ouattara reconduit à Bouaké

Bouaké360-Bouaké (Côte d’Ivoire)

Kifory Inza Ouattara a été réélu le dimanche 11 juillet 2021, délégué départemental de Bouaké du Conseil national des jeunes de Côte d’Ivoire (CNJCI) avec 44,39% des voix, a appris Bouake360, sur place, dans la deuxième ville ivoirienne.

Délégué départemental sortant (2017-2021) M. Ouattara reste donc à la barre pour un nouveau mandat de cinq ans, à l’issue du vote de dimanche.

Quatre autres candidats étaient en lice pour ce scrutin consacré au renouvellement des instances régionales du CNJCI. Il s’agit de Hamma Ousmane qui a obtenu 200 voix, Valy Cissé (67 voix), Biele Nourgo (11 voix) et Kouadio Koffi Charles Aubin (3 voix).

 « Je voudrais du fond de mon cœur traduire toute ma gratitude à la jeunesse de Bouaké pour ce second mandat », a lancé d’entrée le candidat victorieux, ajoutant que c’est tout le combat mené de 2017 à 2021 qui a été reconnu ce jour.

« Je voudrais dire aux jeunes que ce mandat sera axé sur la paix, la cohésion sociale et nous continuerons sur le plaidoyer pour l’employabilité des jeunes du département de Bouaké », a réitéré Kifory Inza Ouattara.

Valy Cissé, l’un des candidats en lice à Bouaké, en bon perdant, a tenu a félicité le vainqueur.                                          

« Félicitations à Ouattara Kifory Inza, le gagnant de ce jour, félicitations pour ta victoire, félicitations pour ta reconduction à la tête du Conseil National des Jeunes de Côte d’Ivoire – Département de Bouaké », a-t-il posté sur sa page officielle facebook.

« Nous avons fait notre part, la jeunesse de Bouaké a décidé de celui qui la portera », complète-t-il avant de féliciter l’ensemble des candidats qui étaient lice pour cette départementale du CNJCI Bouaké.

La Convention nationale pour l’élection du président national est envisagée du 16 au 18 juillet 2021, note-t-on.

Dans le cadre du renouvellement des instances du CNJCI, le ministère en charge de la jeunesse a enregistré 8112 associations, dont 6753 ont été acceptées et 1159 rejetés.

Créé en février 2017 par la volonté des autorités ivoiriennes, le Conseil national des jeunes est un organe consultatif auprès du gouvernement, traduisant la volonté de l’Etat de Côte d’Ivoire d’inclure davantage les jeunes dans les processus de prise de décision.

Eliezer Rodemi

Partenariat AFOR-UAO : les étudiants du Master Droit Foncier en immersion à Dimbokro

Bouaké360-Bouaké (Côte d’Ivoire)

Ils ont laissé le cadre douillet de leurs amphithéâtres pour descendre sur le terrain et apprécier par eux-mêmes, les réalités du foncier rural ivoirien. Depuis le mercredi 5 et ce, jusqu’à ce vendredi 7 mai 2021, les étudiants du Master Droit Foncier et Politiques Agricoles du Laboratoire juridique du Foncier de l’Université Alassane OUATTARA, effectuent une sortie académique dans la capitale de la région du N’ZI (Dimbokro), zone d’implémentation du PAMOFOR.

Cette sortie académique s’inscrit dans le cadre du partenariat  entre l’Agence Foncière Rurale (AFOR) et l’Université Alassane OUATTARA (UAO). Une sortie riche en activités qui a débuté par une rencontre d’échanges et de cadrage avec le Directeur Régional de l’Agriculture M.ANON Aguié Clotaire, le Responsable Régional des Opérations Techniques de l’AFOR M.AOUTI Jean-Pierre-Marie, puis le Préfet de région, Préfet de Dimbokro COULIBALY Yahaya.

Les étudiants du Professeur LAMARCHE Aline ont ensuite eu des séances de travail avec l’Opérateur Foncier GTEC (Groupement Terrabo – Etafat – Cabinet de Géomètres Experts Diallo Sékou) et un Comité Villageois de Gestion Foncière Rurale (CVGFR) à l’effet de s’imprégner de leurs missions et fonctionnement. Il leur a été également expliqué le processus de délimitation des territoires de villages.

Les étudiants ont ainsi découvert à la pratique, le layonnage permettant de distinguer clairement les limites entre les territoires de villages.

 Sercom-UAO

Affluence record à Bouaké en prélude à la Paquinou 2021

Bouaké360-Bouaké (Côte d’Ivoire)

Une forte affluence est constatée depuis prés d’une semaine à Bouaké, capitale régionale du Gbêkê, en prélude aux festivités de la Pâques, fête chrétienne commémorant la résurrection de Jésus Christ mais également moment de retrouvailles et de réjouissances en pays Baoulé (ethnie du Centre de la Côte d’Ivoire) dénommé « Paquinou ».

L’avant Pâques 2021, les gars refusent du monde, la population veut se rattraper cette année, après l’interdiction en 2020 pour cause de Covid-19.

La célébration de la Pâques ou paquinou en pays baoulé est devenue si populaire qu’on a tendance à croire que c’est l’unique célébration de l’année. Déplacement de la ville vers le village et vis versa. Selon plusieurs témoignages, cette affluence record constatée cette année 2021 est dû au fait que plusieurs paysans Baoulé vivant en basse cote, dans le sud du pays n’ont pas vu les parents depuis des années et c’est l’occasion d’aller les voir et en profiter pour célébrer la fête de Pâques en famille.

 Pour d’autres, en tant que associations culturelles ou autres c’est l’occasion de mieux se connaître et encore renouer les liens de parenté. Pendant cette période actuellement la ville de Bouaké connait de nombreux mouvement de personnes, véhicules de transport circulent comme un ballet. Egalement l’inquiétude fait place dans les foyers du fait que la majorité des filles de ménage abandonnent leurs patronnes pour le village.

Incursion de Bouake360.com dans l’avant événement

L’ambiance est toute particulière ce Jeudi 01 Avril 2021 à Bouaké au centre ville, à la gare routière UTB (Union des transports de Bouaké).   Des centaines de voyageurs arrêtés auprès de leurs bagages, attendant impatiemment la venue des cars. Les vendeurs ambulants comme à leur habitude, s’affairent à proposer des produits avant le départ. Selon dame Koffi après l’interdiction de fêter la Pâques due à la covid-19 l’année dernière il n’est pas question cette année de la ratée.

« On est là depuis 4 heures. Je veux vite rentrer à Béoumi pour me préparer pour la fête. L’année passée on n’a pas pu se déplacer mais cette année par la grâce on va rattraper cela donc je vais voir la famille et en profiter pour célébrer la Pâques avec elle ».

Les cars sont lancés sur plusieurs destinations de l’intérieur mais plusieurs voyageurs sont encore sur les bancs d’attente.                                    

« Je vais en famille à Daloa pour célébrer la fête en famille et jusque là on nous demande d’attendre parce qu’il n’ya pas de cars encore disponibles mais je crois que je vais partir parce que j’y tiens », lance pour sa part N’guessan Kouamé couvert de sueur ayant au dos son sac de voyage.

Selon le chef de gare, « on ne désemplie presque pas ces derniers jours. Hier, il y a eu plus d’une centaine de départs. Aujourd’hui, déjà à cette heure (15 heures Gmt et heure locale), nous avons programmé plus d’une trentaine de départs.  Alors qu’habituellement, nous n’atteignons pas ce nombre de départs par jour. C’est à dire que les Ivoiriens veulent vraiment fêter cette année ».

En ce qui concerne les dispositions et consignes données aux chauffeurs pour éviter les accidents, il se fait rassurant.    « Nous avons promis des bonus aux chauffeurs qui éviteront les accidents sur la route. Ce, en faisant preuve de prudence. Nos cars sont même dotés d’un système de géo localisation visant à suivre les faits et gestes du conducteur », dira-t-il ensuite.

Même constat dans une autre compagnie de transport située au quartier commerce, en plein centre de la ville où déficit de cars se mêle à une ambiance chaude avec des bousculades partout.

« Nous vous présentons toutes nos excuses pour le retard des cars nous ferions tout pour que chacun d’entre nous puisse relier sa localité dans de bonnes conditions pour cela je demande à tous d’être juste un peu patients et indulgents », s’égosille en vain Drissa, le chef de gare vers des voyageurs énervés.                                                                                             

Konan Laure, une cliente à destination de Yamoussoukro, visiblement agacée, déplore quant à elle le manque de professionnalisme de cette compagnie de transport. « Nous avons prévu des réjouissances qui doivent commencer aujourd’hui (ndlr jeudi 1er avril). Ce que je déplore, c’est que la gare est bondée de monde depuis 5 heures. Et je me suis retrouvée finalement sur le 9èmedépart. Alors que j’espérais être là bas un peu plus tôt » a t’elle vertement fait savoir.

Tout autre tableau du côté des vendeuses et autres vendeurs qui se frottent les mains en cette période spéciale. Vendeuse de pain, dame Assetou Traoré ne peut que se réjouir pour la bonne marche de ces activités. « Avant cette période si j’ai trop vendu c’est deux bassines mais actuellement où je vous parle je viens de me ravitailler et je suis à mon 6eme tour. En tout cas je gagne et je suis contente. Je peux gagner comme bénéfice plus de 20000f par jour », explique-t-elle, un large sourire aux coins des lèvres.

Un reportage d’Eliezer Rodemi

Venance Bahi le maitrisard en Allemand, reconverti interprète en Anglais puis manager

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Aubin Venance Bahi est marié et père d’un enfant. Titulaire d’une maitrise en Allemand, il s’est d’abord essayé au métier d’enseignant en faisant de la vacation avant de se retrouver répétiteur puis interprète en Anglais. Reconverti par la suite commercial, il est aujourd’hui le chef d’agence à Bouaké d’une entreprise de production d’une boisson « thérapeutique » à base de produits naturels. Dans cette interview accordée à Bouaké360, l’ivoirien de quarante-un an revient sur le parcours de sa vie qu’il résume en une phrase : « le dur labeur est le chemin d’or que Dieu réserve à ceux qu’ils approuvent ». Pour lui, « nos jeunes souffrent parce qu’ils sont sans repère ni modèle à imiter ».

Propos recueillis par Eliezer Rodemi

Bouaké360 : Bonjour Mr, veuillez vous présenter.

Je suis Bahi Aubin Venance, actuellement chef d’agence Bouaké de l’entreprise Kligayo, productrice de la boisson Sentinelle. Je suis marié, père d’un enfant.

Bouaké360 : parler nous de votre parcours professionnel voire votre expérience ?

  Il faut dire qu’après l’obtention de ma maîtrise en Allemand, j’ai donné des cours d’allemand juste 6 mois dans un collège à Williamsville (ndlr à Abidjan dans la capitale économique ivoirienne) alors que je résidais encore en cité universitaire aussi parallèlement je donnais des cours à domicile à une fillette en classe de Cp1. C’était la fille d’un libanais commerçant de textiles à Adjamé. Un jour un frère du campus qui travaillait également chez cette même personne m’a informé que ce dernier recherchait quelqu’un capable de parler et écrire l’Anglais pour assurer le poste de secrétaire et assistant dans son entreprise, c’est comme ça que le répétiteur que j’étais est devenu l’assistant du patron et son interprète en même temps.

Après 5 années au cours desquelles j’ai acquis certains réflexes professionnels, je me suis décidé par inspiration divine de me spécialiser en traduction. J’ai donc préparé un diplôme de traduction Anglais- Français- Allemand et Juste 6 mois après cette formation intensive, j’ai eu écho d’un recrutement à l’ONUCI (ndlr : Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire). J’ai alors postulé et j’ai été retenu en qualité d’assistant linguistique auprès des casques bleus, notamment le bataillon Nigérian et après un an j’ai été muté dans un bataillon Pakistanais, à Yamoussoukro puis finalement à Bouaké.

 Après la fin de mon contrat avec l’ONUCI, il faut le dire ça été une période très difficile, mais étant chrétien, le Seigneur Jésus-Christ mon berger a toujours su me relever et me conduire. J’ai trimé pendant 2 ans presque à la recherche d’un emploi dans mon domaine de formation, mais sans succès. J’envisageai donc une reconversion en tant que commercial, et alors que je recherchais la clientèle pour ma propre structure « Fast Coursier », le directeur de Bouaké Optique, M.Yao Jean Baptiste me propose un poste de commercial dans son cabinet d’optique, j’acceptai et ce fut le début d’une nouvelle aventure professionnelle pour moi. De là je rencontre la boisson Sentinelle que je prends à bras le corps pour son implantation dans le Gbêkê et grâce à la confiance que me voue le DG Mr Kligayo Coulibaly, je suis à ce poste de représentant régional et chef d’agence.

(Ndlr : le mandat de l’ONUCI a officiellement pris fin en juin 2017. L’ONUCI avait succédé en 2004 à la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (MINUCI) pour faire respecter les accords de paix entre les rebelles du nord et les forces gouvernementales dans le pays. Prévu initialement pour un an, la mission s’est prolongée pendant 13 ans).

Bouaké360 : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confronté dans l’activité que vous menez actuellement ? 

Sourire…

Les difficultés sont multiples et diverses. D’abord pour l’innovation que constitue notre produit Sentinelle, il faut régulièrement expliquer par téléphone ou via les médias aux prospects et clients les vertus thérapeutiques de cette boisson naturelle. Ensuite, la communication n’est pas toujours aisée entre les revendeurs, les clients et nous. La réticence de certains constitue un réel problème malgré la qualité du produit. Enfin, il faut reconnaître que l’agrandissement de la ville de Bouaké est un vrai défi que nous tentons de relever en mettant la boisson dans chaque lieu de vente de la ville et nous espérons y arriver d’ici peu.

Bouaké360 : Quels sont vos objectifs à atteindre à court et à long terme ?

  A court terme, nous envisageons faire de la boisson Sentinelle la boisson naturelle la plus consommée en côte d’ivoire et à long terme nous projetons d’aider d’autres entreprises locales à émerger ou à se développer par notre expérience acquise pour redonner espoir à la population de Bouaké qui fuit cette ville par manque d’emploi viable.  

Bouaké360 : Un message à l’endroit de la jeunesse ivoirienne qui s’adonne à la facilité. 

 Je voudrais dire à mes jeunes frères et sœurs que le dur labeur est le chemin d’or que Dieu réserve à ceux qu’ils approuvent. Nul ne devrait donc bouder cette voie ni l’éviter car c’est le moyen par lequel nous apprenons la vie. De plus la facilité est conséquence de l’impatience et de l’envie, deux péchés qui conduisent à la précocité sexuelle, professionnelle, matrimoniale au détriment des valeurs essentielles que sont la patience, le respect et l’amour.

Bouaké360 : Nous sommes à la fin de notre interview, quel est alors votre mot de fin. 

Je vous remercie pour l’intérêt que vous avez manifesté à mon égard et sachez que je suis reconnaissant pour cette démarche. Je prie que le Seigneur Jésus-Christ vous bénisse.

Mon dernier mot est plutôt un cri de cœur.

Je voudrais lancer un appel à tous afin de corriger un déséquilibre notoire observé ces derniers temps. En effet, la réussite sociale voire l’obtention d’un emploi ou encore l’insertion professionnelle nous préoccupe plus que la moralisation de notre vie et c’est la véritable raison pour laquelle nos jeunes souffrent car ils sont sans repère ni modèle à imiter.

Vous verrez des personnes qui ont socialement réussi mais incapable de vivre en couple ou fonder un foyer, certains sont obnubilés par la richesse à tout prix sans discerner les bons moyens d’y parvenir. La vie aujourd’hui pour bon nombre de jeunes se limite à l’accumulation de biens et la consommation de stupéfiants, ainsi qu’à l’éloge de la beauté physique au grand dam de la beauté intérieure. Ce sont là des maux qui plongent notre jeunesse dans les tourments de la vie. Il nous faut parvenir à une nouvelle génération de modèle de réussite sociale qui combine valeurs morales et compétences professionnelles autrement dit le savoir-être et le savoir-faire doivent être indissociable d’une personne qui a vraiment émergé dans la société afin que nos jeunes frères et sœurs ne prennent pas pour modèles des personnes peu recommandables cela changera leur définition de la réussite.

Je vous remercie.

M’Bandama Serge « le briquetier » du Banco

Côte d’Ivoire-Bouaké-Jeunesse-Métier-Entreprenariat

Bouaké360-Bouaké (Côte d’Ivoire)

M’Bandama kouadio Serge, la quarantaine révolue est ivoirien et père de 4 enfants. Patron d’une briqueterie artisanale au quartier Banco, à Bouaké, dans la deuxième ville ivoirienne, il revient dans cet entretien accordé à un journaliste de bouake360.com, sur la passion qui le lie à son métier de bâtisseur et en profite pour lancer un appel à la prise de conscience de la jeunesse ivoirienne.

« Je suis un coupeur de briques en terre battue au prix de 50 FCFA l’unité, aujourd’hui la politique est le dernier de mes soucis. A travers la fabrication de briques en terre battue, j’ai pu construire ma propre maison et sillonner quelques localités de la région », lance d’emblée le fabricant de briques en terre battue, avant d’envoyer un message à la jeunesse.

 « J’appelle la jeunesse ivoirienne à ne pas rester oisif, à être des jeunes entrepreneurs en faisant des petits métiers juteux », car « le découragement n’est pas ivoirien », ajoute-t-il.

C’est après plusieurs échecs dans la capitale économique du pays à Abidjan, que Serge a fini par rejoindre sa ville natale Bouaké en 2012 où il s’est reconverti en coupeur de briques en terre battue.

Aujourd’hui, sa petite entreprise qui eu le temps de grandir embauche 3 à 4 jeunes par jour à raison d’un salaire journalier calculé pour chacun sur le nombre de briques fabriqués.

« On gagne environ 20000 FCFA de marge bénéficiaire par jour si tout le stock fabriqué est évacué », explique le chef d’entreprise M’Bandama, soulignant qu’avec l’aide de ses jeunes salariés, il arrive à faire sortir de ses moules entre 900 à 1000 briques par jour.

« C’est un métier difficile certes mais qui reste quelque chose de passionnant, la satisfaction d’avoir été celui la même qui a tapé de ses mains des briques qui serviront à bâtir des murs mais aussi des familles car sans un nid familial adéquat il n’y pas de familles stables dans la société », philosophe-t-il.

Des dabas, quelque 8 bidons de 25l pour se ravitailler en eau et des moules en bois constituent l’arsenal nécessaire à Kouadio et à ses employés pour donner sa forme à ces petites merveilles de couleur ocre qui ont déjà servi à construire une trentaine de maisons dans la région de Gbêkê.

Pour lui, la jeunesse doit laisser la politique aux professionnels de la politique et se tourner résolument vers sa prise en charge.

« J’appelle et j’exhorte la jeunesse au travail en abandonnant ces actes qui mettent notre pays en retard. J’étais propriétaire de maquis dans la commune de Port Bouët dans les années 1999 et 2009 j’ai vu mon espace détruit c’est de là que je me suis rendu à Bouaké et en 2012 j’ai commencé la fabrique de briques en terre et je m’en sors très bien. Au bout de quelques années après mes petites économies j’ai pu doter une femme et me construire une maison deux chambres salon » a-t-il réitéré avant d’appeler la jeunesse ivoirienne au travail légal.

« Je demande aux jeunes comme moi de garder espoir et tout en exerçant un métier légal dans la droiture. Comme on le dit en Côte d’Ivoire on aime bureau avec les briques l’unité à 50 FCFA je vis une vie épanouie et je compte agrandir mon activité avec l’appui de bonnes volontés », a conclu le briquetier du banco, M’Bandama kouadio Serge.

Eliezer Rodemi

Ces « cabreurs » de vélo de Bouaké qui aspirent à la catégorie Pro

Bouaké360-Bouaké (Côte d’Ivoire)

Leur âge varie entre quatorze et dix-neuf ans, ils ont une passion en commun, le vélo. Cette affection, ils l’ont transformée en une sorte de sport extrême et d’action, où s’entremêlent wheelings (cabrages), courses à fond, pirouettes, ou autres free-styles ainsi que des randonnées à travers la ville. Ils affirment apporter quelque chose d’original dans la pratique du sport cycliste en Côte d’Ivoire et rêvent de passer à la catégorie professionnelle. Bouaké360 est parti à leur découverte.

Bouaké, le dimanche 03 janvier 2021, il est 16h30 mais le ciel reste encore clair avec une forte luminosité. Un vent sec chargé de fines particules de poussières fini par convaincre qu’on est bel et bien en plein harmattan, dans cette deuxième ville du pays, capitale du district de la Vallée du Bandama.

Sur le Boulevard de l’aéroport, depuis le vieux quartier Koko, au centre de la ville, un spectacle se dévoile à l’horizon, sur la pente descendante du plateau, que surplombent le Centre hospitalier universitaire (CHU) et la préfecture de région. Des centaines de cyclistes, qui se suivent les uns les autres, sans se heurter, dégringolent la colline à une allure cadencée comme dans un ballet.         Certains d’entre eux, la roue avant de leurs vélos en l’air, suivent tout de même la mouvance avec la dextérité des grands maitres du Vélo tout terrain (VTT) ou du BMX (Bicycle motocross) américain. Le léger vent d’harmattan qui gonfle le pardessus de quelques uns de ces cyclistes, ajoute un brin de poésie à cette mosaïque en mouvement.

Et quand avance le peloton, alors on se rend compte qu’une bonne partie de la chaussée est occupée par ces jeunes. Ici, en Côte d’Ivoire, dans les grandes agglomérations, il n’existe encore pas de pistes cyclistes exclusives. Il faut donc s’y faire. Heureusement que les dimanches, la circulation est moins dense sur cette route menant à l’hôpital général, à l’aéroport et dans plusieurs quartiers périphériques de Bouaké dont la Zone, l’un des plus grands en terme de superficie et de nombre d’habitants.

Djakaridja Koné alias Djakis le King

« Fort heureusement, depuis 2010 où nous avons lancé ce mouvement, nous n’avons aucun souvenir d’un accident de la circulation impliquant l’un des nôtres lors de nos randonnées ou séances d’entrainements», jure la main sur le cœur, Djakaridja Koné, alias Djakis le King, le leader du groupe. C’est tant mieux pour cette bande de passionnés qui compte, selon son chef, cet ivoirien de 27 ans, près de mille adhérents. Pourtant très peu parmi ces « fous du vélo » portent un casque de protection.

« On sensibilise en ce moment pour cela, pour un équipement complet avec gants, genouillères, coudières et évidemment casque de protection, mais aussi une assurance individuelle», répond formel, le chef de ce club encore dans l’informel.

Ce dimanche, n’est pas un jour d’entrainements, ce qui veut dire que les engins ne seront pas « cabrés » avec ou sans roues avant, « dans des espaces clos ou déserts ». C’est jour de randonnée, donc le programme se limitera au parcours de plusieurs kilomètres à travers la ville, jusqu’à la destination finale, au « Ousmane Boucher ». C’est ce mythique terrain d’entrainement au quartier Kennedy, à l’est de Bouaké qui a révélé au monde, de grands noms du motocross tel que ce fils de Bouaké, Pascal Vigneron.

 « La plupart du temps, surtout les dimanches, et ce depuis un moment, nous assistons le plus souvent à ce genre de spectacle, c’est presque devenu banal pour nous», explique à la va vite, un vendeur du quartier Koko, plutôt occupé à présenter ses derniers arrivages de friperies à un client.

Ces jeunes à vélo, ce sont les « cabreurs » de Bouaké. Pas de conditions particulières pour les suivre dans leur randonnée du jour. Il suffit juste d’avoir un vélocipède, peu importe le style ou la marque. Ici pas besoin forcement d’un VTT ou d’un BMX, excessivement chères pour la bourse de la quasi-totalité de ces gamins, élèves, apprentis artisans ou autres vendeurs ambulants.                                         Les plus chanceux qui ont pu s’offrir un engin approprié l’ont acquis au marché aux puces (France au revoir) où avec une somme allant de 35000 à 50000FCFA, on peut s’offrir un VTT ou un BMX d’occasion.

Un vélo avec ses 2 roues en place et son mécanisme qui fonctionne, qu’on accompagne d’une bonne dose de passion et de cran suffisent pour suivre le peloton dans son tour de la ville.

Salif, 15 ans, est élève, il a rejoint le groupe, il y’a 2 ans, après avoir récupéré une carcasse de vélo à la poubelle, qu’il a façonnée à son gout par la suite, pièce par pièce, avec l’aide d’un ami apprenti mécanicien de moto. L’argent pour la réfection il l’a gagné à la sueur de son front en tant que « pousseur de brouette » (portefaix) au marché, les jours ou il n’ya pas classes.                                              Comme lui, la majorité de ces jeunes adhérents du club de velo de Djakis est issu de milieux défavorisés où on ne peut pas s’offrir le luxe de donner un vélo en cadeau à son enfant.

« C’est un rêve que nous essayons de concrétiser pour ces milliers de jeunes qui nous suivent. Comme moi, ils n’ont qu’une passion dans la vie, c’est faire du vélo et ce rêve nous leur donnons l’occasion d’en réaliser un bout», en attendant la professionnalisation du club, « qui nous permettra de prendre en charge certaines factures inhérentes au quotidien de nos coureurs », répète, perplexe, le King. C’est pourquoi, dira-t-il ensuite « nous appelons les autorités de Bouaké à nous venir en aide afin de pouvoir structurer notre club qui propose quelque chose d’originale dans l’univers du sport cycliste ».

« C’est un mélange de toutes les disciplines reliant le vélo, c’est-a-dire le cyclisme classique, le VTT, le BMX, la randonnée (…) Même si on n’a pas encore trouvé de nom pour cette nouveauté que l’on propose d’abord pour la Côte d’Ivoire et ensuite pour le monde, on est convaincu d’être sur la bonne voie», conclut Djakaridja Koné, alias Djakis le King, avec un regard qui jette des étincelles.