La merveilleuse histoire de Raffierkro, un village pour lépreux, fondé en 1963 par Gilbert Raffier


Bouaké360-Bouaké (Côte d’Ivoire)

Raffierkro (village de Raffier en langue Baoulé) est une localité du centre de la Côte d’Ivoire, située à 7 km au sud-est de Bouaké (chef-lieu de région).

Fondé en 1963 par un médecin français du nom de Capitaine Docteur Gilbert Raffier, ce tout premier village pour lépreux, entièrement construit avec la contribution effective de certains malades de la lèpre d’alors, comprend aujourd’hui un hôpital-léproserie, un village entier avec une centaine de maisons « en dur », deux écoles (maternelle et primaire) de 12 classes, un marché couvert, des installations sportives, une église œcuménique et une mosquée, … et beaucoup d’autres projets de développement. La merveilleuse histoire humaine de Raffierkro racontée par Bouake360.

Joseph Kpli Kouadio, photo datant de janvier 2016

 « J’ai été admis ici vers les années 1950, je n’étais alors qu’un adolescent à cette époque » avait témoigné dans une interview réalisée en janvier 2016, Joseph Kpli Kouadio, l’un des premiers pensionnaires de l’asile des lépreux de Manikro (1ère appellation).  

Selon le vieil homme de 83 ans à l’époque, « après des années de traitement, les patrons de l’asile nous ont dit qu’on était guéri et ils nous ont demandé de rentrer chez-nous, on a refusé de partir parce qu’à cette époque on était rejeté dans nos villages ». La lèpre était encore perçue à cette période comme une malédiction. Les lépreux vivaient donc reclus, bannis de la société.

« On en était là jusqu’à ce qu’en 1963, arrive ici un jeune médecin français qu’on appelait Dr Raffier » avait-t-il rappelé, soulignant que c’est à cette date que l’histoire de Raffierkro a commencé à s’écrire.

La fabuleuse histoire de RAFFIERKRO

La salle du conseil villageois, située dans la zone nord du village, à deux pas de l’église œcuménique, retrace à travers des photos, des croquis, des notes et des articles de presse, l’histoire de ce paisible village à l’architecture futuriste avec de grandes rues bien tracées et à l’hygiène irréprochable. Une note signée par le Docteur Gilbert Raffier rappelle aux visiteurs : « j’ai pu construire ce village grâce à l’attention très bienveillante des autorités, au courage de ses habitants, aux dynamiques fondations Raoul Follereau, à l’ELEP et à de très nombreux amis qui m’ont aidé dans cette passionnante réalisation ».

Des légendes sur les photos, reprennent les dates clés qui ont marqué la fondation du village des lépreux. En 1963, à la suite de son affectation en Côte d’Ivoire, le jeune médecin capitaine Raffier après 3 jours de recherche en brousse, découvre l’asile de lépreux abandonné de Manikro à 7 kilomètres de Bouaké, au centre de la Côte d’Ivoire.

Il décide alors de le transformer en léproserie-hôpital en rénovant des bâtiments. Il crée des locaux techniques pour les consultations, le laboratoire, les soins, le bloc opératoire ainsi que la salle d’hospitalisation postopératoire, et une allée d’accès à la route. Puis, il installe un groupe électrogène et une pompe hydraulique, plante des arbres, des pelouses et crée un bassin avec jet d’eau.

C’est finalement en 1964 qu’il engage véritablement les travaux de dégagement de l’emplacement du futur village dit « village postcure de la léproserie de Manikro » de l’autre côté de la piste, en face de l’hôpital.

Les premières maisons de ce nouveau village postcure voient le jour avec la participation active des futurs bénéficiaires, que sont des malades de la lèpre. Le 9 mai 1992, le village devient officiellement Raffierkro (le village de Raffier) sur décision du Conseil municipal de la commune de Bouaké appuyée par le Ministère de l’intérieur de Côte d’Ivoire.

Le Docteur Raffier à tracer la voie, « Il est temps pour nous les enfants de lépreux qui sommes nées ici de prendre notre part de responsabilité en participant à la vie de cette communauté »

A ce jour, la majorité des anciens lépreux qui vivent à Raffierkro sont en général des cultivateurs. Beaucoup parmi eux n’ont pas leurs membres au complet, certains n’ont pas eu d’enfants, selon des témoignages d’habitants. C’est pourquoi, expliquent ces derniers, « certains sont obligés de se rendre en ville à Bouaké pour mendier, car depuis la crise de 2002, ce village ne reçoit plus assez de dons comme par le passé ».

Le Docteur Raffier à tracer la voie, « Il est temps pour nous les enfants de lépreux qui sommes nées et qui avons grandi ici de prendre notre part de responsabilité en participant à la vie de cette communauté », fait remarquer pour sa part, un fils du village.

« Nous demandons donc aux enfants qui sont originaires de ce village de revenir apporter leur aide car les parents en ont besoin pour survivre », a-t-il conclu, en direction de ses nombreux frères et sœurs de Raffierkro qui vivent aujourd’hui partout à travers le monde.

Plus de 500 habitants issus de plusieurs ethnies de la Côte d’Ivoire et des communautés de la CEDEAO (Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest) vivent en parfaite harmonie à Raffierkro depuis sa création en 1964.

Cheik Koné

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