Bouaké360-Bouaké (Côte d’Ivoire)
Dans une interview accordée à Bouaké360, Vincent Brou, un professionnel du tourisme fait un tour d’horizon complet sur ce métier qui nécessite de la passion, du courage, de la formation, de l’adaptation et de la connaissance. Pour lui, c’est la méconnaissance du tourisme qui fait dire aux uns et autres que c’est une affaire de blancs ou de riches. Il faut donc, selon lui, plus de promotion autour de ce secteur qui a subi de plein fouet la pandémie de la Covid 19.
Propos recueillis par Eliezer Rodemi
Bouaké360 : Présentez vous à nous.
Je suis Vincent Brou, Agent de Tourisme, responsable du service tourisme de Kyam Voyages.
Bouaké360 : Parlez nous un peu de votre structure
Kyam Voyages dirigée par Mme Eva Traore, a été créée en mars 2020. Sa mission essentielle est de faire du tourisme un maillon essentiel du développement. Après une année de dure épreuve marquée par la pandémie de la covid 19, Kyam Voyages a participé à plusieurs activités à caractère culturel et touristique. Que sont entre autres, l’inauguration de l’Usine Foods’co Sa à Béoumi le samedi 06 Février 2021, une sortie détente « Love Day’s Ecolo » le dimanche 14 février 2021 au domaine Bini où le coach en développement, Mme Odile Pohann, psychopédagogue a animé une causerie débat sur le thème « Comment entretenir la flamme de l’Amour dans le couple ».
Bouaké360 : Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontées quotidiennement dans l’exercice de metier ?
Les difficultés sont nombreuses mais ne peuvent en aucun cas nous freiner dans la réalisation de cette noble mission. La méconnaissance du tourisme, considéré comme une affaire de blancs ou de riches. C’est un problème de culture. Il y a la pandémie de la covid 19 qui a causé d’énormes inconvénients avec les restrictions imposées au secteur. Le secteur des voyages et du tourisme ont été fortement marqués. De nombreux voyages d’été 2020 ont été annulés par des touristes. La fermeture partielle ou totale des bars, les établissements d’hébergement et de restauration, les sites touristiques etc. ont eu des impacts très significatifs sur le plan économique et social. Sans oublier l’insécurité avec le phénomène des enfants en conflit avec la loi, l’instabilité sociopolitique créent des psychoses pour les sorties de groupe. On peut parler également de la dégradation avancée de certains sites et routes, la cherté de la vie, le manque de professionnalisme de certains acteurs ou personnel du site (guides et hôteliers) sont autant de problèmes qui jouent sur les activités.
Bouaké360 : Êtes-vous reconnue par votre ministère de tutelle, c’est à dire le ministère du tourisme et des loisirs ? Si oui un message à lancer au ministre pour qu’il puisse encore rehausser l’image du tourisme en Côte d’Ivoire.
Oui, l’agence Kyam voyages est reconnue par le ministère du tourisme. Nous œuvrons dans la logique de faire la promotion du tourisme ivoirien. Notre souhait à l’endroit du ministre c’est d’initier des formations des guides de tourisme et des renforcements des capacités des acteurs. Que le ministère, Côte d’Ivoire tourisme, les collectivités territoriales et autorités administratives travaillent en synergie. Il faut donc sensibiliser la population ivoirienne sur l’importance du tourisme. Il faut plus de promotion et permettre aux ivoiriens de voyager aisément dans leur pays afin découvrir la Côte d’Ivoire.
Bouaké360 : Est-ce que la Côte d’Ivoire regorge encore des sites touristiques dignes qui remplissent toutes les conditions qui peuvent attirer les touristes internationaux ou favoriser le tourisme local ?
Oui, la Côte d’Ivoire dispose d’un fort potentiel touristique. Des destinations touristiques qui méritent d’être visitées. Nous n’avons pas à envier les autres pays. Par exemple, avec une superficie d’environ 500 km avec des plages classées parmi les plus belles et les plus contrastées de la sous région, le littoral présente des plages de sables fins avec des plantations de cocotiers au sud-est (Abidjan-Bassam-Assinie) et une succession de falaises rocheuses et de criques sableuses sur les côtes du sud-ouest (Grand-Lahou-Fresco-Sassandra-San Pedro).
La Côte d’Ivoire est riche culturellement avec une soixantaine d’ethnies (danses, masques, traditions, gastronomie et vêtements).
En terme de Tourisme religieux, nous avons la Basilique Notre Dame de la Paix à Yamoussoukro, la Mosquée centenaire de Kong, la Grotte Mariale Notre Dame de la Délivrance d’Issia, le Sanctuaire Marial d’Attecoube, les mosquées de Bondoukou, surnommée la ville aux mille mosquées, la Cathédrale Saint Paul d’Abidjan, la mosquée de Kouto.
En termes de Tourisme d’affaires, la Côte d’Ivoire se classe au troisième rang en Afrique derrière le Nigeria et le Maroc. Nous avions à ce propos plusieurs espaces de réunions et de conférences telles que les complexes hôteliers etc.
Plusieurs autres sites et attraits favorisent la pratique du tourisme à savoir les singes sacrés de Gbêpleu, les cascades naturelles de Zadepleu, les ponts de lianes dans la région du Tonkpi notamment à Lieupleu et Vatouo, le Parc national du Banco, le Jardin Botanique, le musée du Costume, Domaine Bini, Green Valley, N’zi River Lodge à Bouaké, le centre de la Côte d’Ivoire se trouvant à Béoumi,
Les tisserands de Waraniené à Korhogo, le Parc National d’Azagny, Parc National de la Comoé, la Barque de Manet à Tiassalé, Les rochers d’Ahouakro, la Cour royale de Moossou, la Fondation Félix Houphouët Boigny à Yamoussoukro, le lac aux Caïmans etc. sont autant de sites à découvrir.
Bouaké360 : Êtes vous membre d’une association ou d’une fédération ? Si oui et est-ce que pendant la crise sanitaire de la covid-19 vous avez bénéficié d’un fonds d’appui ?
Nous sommes membres de la Fenitourci (Fédération nationale de l’industrie touristique de Côte d’Ivoire), APV (Association des professionnels de Voyages). Nous sommes également membres de plusieurs plateformes de Tourisme sur les réseaux sociaux tels que le Réseau Africain des Professionnels du tourisme, qui comprend une trentaine de pays francophones et le Rwanda, dirigé par Kouadio Marcel Gougou du ministère du Tourisme. Le Réseau ivoirien de Tourisme et de Culture dirigé par Akueson Nandouhard.
Non nous n’avons pas bénéficié de fonds d’appui de l’Etat.
Bouaké360 : Un message à lancer à l’endroit des jeunes qui veulent embrasser ce métier et en général à cette jeunesse qui aime le gain facile.
La recherche de gain facile conduit à plusieurs sortes de déviations nuisibles. Nous lançons un appel à la jeunesse d’embrasser ce métier qui nourrit son homme et lui donne une dignité. Car le travail éloigne de nous trois grands maux comme le dit Voltaire (ndlr : l’ennui, le vice et le besoin). Cependant, le métier du tourisme nécessite de la passion, du courage de la formation, et de l’adaptation, de la connaissance. Il faut accepter de se former car qui se forme progresse.
Bouaké360 : Quels sont les objectifs à atteindre pour que votre structure se positionne comme l’un des leaders au niveau du tourisme ?
Notre objectif est de nous distinguer de l’image d’agence de voyages traditionnels à travers la mise en place de services diversifiés et différents. Nous recherchons toujours le meilleur rapport qualité prix pour permettre à nos clients de réaliser leurs rêves de voyages. C’est pourquoi nous faisons preuve d’originalité et de créativité dans l’élaboration des circuits touristiques. Par ailleurs, nous mettons un accent particulier sur la promotion du tourisme intérieur. Mettre un point d’honneur sur l’écotourisme, le tourisme durable et communautaire.
Bouaké360 : Est-ce que ce secteur est pourvoyeur d’emplois si l’État s’y investi réellement ?
Le tourisme est une source de richesse incommensurable. La Côte d’Ivoire, notre pays regorge d’énormes potentialités touristiques. À cet effet, le tourisme peut contribuer au développement de ce beau pays car, l’activité touristique implique plusieurs chaînes. Par exemple, la venue d’un touriste favorise l’implication des agents des services hôteliers, des guides, des restaurateurs, des artisans et même des loueurs de véhicules etc. C’est donc un secteur dynamique en termes d’emploi dont l’état ivoirien gagnerait à s’impliquer véritablement. Il faut donc saluer le Ministre du Tourisme à travers sa politique de développement du tourisme dénommée « Sublime Côte d’Ivoire », stratégie touristique ivoirienne 2025.
Bouaké360 : Nous sommes au terme de notre entretien quel sera votre mot de fin ?
Que les ivoiriens visitent leur pays, pour connaître l’histoire de chaque peuple et que le ministère, Côte d’Ivoire tourisme, les collectivités territoriales et les autorités traditionnelles travaillent en synergie parce que le tourisme a un message culturel et de paix. Aussi, Le tourisme est lié à tous les secteurs d’activité. C’est donc un levier important pour le développement d’une nation comme la Côte d’Ivoire. Toutefois il faut un environnement propice à sa pratique. Il faut que l’Etat y mette les moyens nécessaires et inculque la culture du tourisme aux nationaux. La Côte d’Ivoire a des atouts et il faut la volonté pour y arriver. Je vous remercie.